philosophie: Douter, est-ce renoncer à la vérité ? Dans l'usage courant le mot douter se rapporte à une interrogation, un manque de certitude ou une méfiance quant à la sincérité de quelque chose ou quelqu'un. Le doute revient à admettre qu'on ne sait pas.Le verbe renoncer se rattache à un abandon et un désistement.
Introduction Dans la Bible, JĂ©sus accomplit ce miracle de marcher sur les eaux d'un lac, puis invite son disciple Pierre Ă  le suivre. Celui-ci pose un pied sur l'eau, hĂ©site, puis s'enfonce. JĂ©sus lui reproche alors "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu doutĂ©?". Dans cet Ă©pisode, le doute est prĂ©sentĂ© comme une faiblesse digne de blĂąme. A l'inverse, c'est la foi qui apparaĂźt comme une vertu. Pierre a manquĂ© du courage d'admettre la vĂ©ritĂ©. Il est vrai que celui qui est incertain et irrĂ©solu avoue ainsi qu'il ne se sent pas capable de connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Mais d'un autre cĂŽtĂ©, le doute peut apparaĂźtre comme une force. Celui qui ne doute pas est peut-ĂȘtre persuadĂ©, lui, de connaĂźtre le vrai, mais il renonce ainsi Ă  chercher. Le doute doit-il donc apparaĂźtre comme un renoncement, ou au contraire comme la condition de toute connaissance? I. Le doute sceptique Certains usages du doute s'apparentent Ă  un renoncement Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©, mĂȘme Ă  un refus de la voir. Le doute peut passer Ă  premiĂšre vue pour une faiblesse, une dĂ©faite de la pensĂ©e. Douter, c'est reconnaĂźtre que l'on ne sait pas et que l'on ne parvient pas Ă  atteindre la vĂ©ritĂ©. Douter, c'est avouer que l'on ne sait pas. Lorsque le doute prend la forme d'une conclusion, il tĂ©moigne alors d'un renoncement. On renonce, devant la difficultĂ© d'un problĂšme, ou parce que l'on ne se sent pas les moyens de le rĂ©soudre. Le doute tĂ©moigne alors d'une incapacitĂ©, d'une impuissance. Les philosophes sceptiques, disciples de Pyrrhon, considĂšrent justement que l'esprit humain est incapable d'atteindre aucune connaissance certaine. La devise sceptique peut alors se rĂ©sumer dans la question de Montaigne "que sais-je?", mĂȘme pas dans l'affirmation "je ne sais rien", parce que ce serait reconnaĂźtre que l'on sait au moins une chose. Leur attitude, plus prĂ©cisĂ©ment que le doute, est celle de la suspension du jugement dans l'incertitude, on s'abstient de juger, c'est-Ă -dire d'affirmer. Ce doute est la conclusion de leur recherche. AprĂšs avoir cherchĂ© Ă  acquĂ©rir le savoir, le sceptique admet qu'il est impossible de parvenir Ă  des conclusions certaines. Son attitude sera donc dĂ©sormais celle du doute. La dĂ©marche du sceptique est bien une tentative qui aboutit Ă  un renoncement. Le doute fait suite Ă  un Ă©chec de la connaissance. Mais le scepticisme absolu, douter de tout, est impossible Ă  mettre en pratique dans la vie courante. On ne peut pas vivre normalement si l'on doute de tout. Certaines certitudes sont indispensables Ă  la vie quotidienne. Pourquoi sortir de son lit si l'on doute sĂ©rieusement que le monde existe? Le sceptique pourrait bien ĂȘtre accusĂ© de refuser, en rĂ©alitĂ©, certaines vĂ©ritĂ©s Ă©videntes. II. Le doute mĂ©thodique Douter de tout, ce n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, c'est plutĂŽt vouloir affirmer une vĂ©ritĂ©, Ă  savoir qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ©. Cette dĂ©marche est contradictoire. On renonce Ă  chercher, mais on ne renonce pas totalement Ă  affirmer. Cependant, un autre usage du doute est possible, lorsque le doute est employĂ© comme mĂ©thode, comme moyen, et non considĂ©rĂ© comme une fin en soi. Descartes met en Ɠuvre ce doute mĂ©thodique dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques. Son but dĂ©clarĂ© est de distinguer, parmi se opinions, lesquelles sont vraies. Il veut identifier les connaissances que l'on peut tenir pour vraies sans aucun risque d'erreur. Dans ce but, il commence par mettre en doute toutes ses connaissances, afin de voir si certaines rĂ©sistent Ă  toutes les objections imaginables. Il reprend les arguments sceptiques les plus forts, invente d'autres arguments encore plus redoutables. Les opinions qui rĂ©sisteront Ă  ces arguments-lĂ  pourront ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme vraiment indubitables. Le doute cartĂ©sien est donc bien diffĂ©rent du doute sceptique. Il est un moyen, et non une fin en soi. Descartes n'est pas comme les sceptiques "qui ne doutent que pour douter". Douter n'est pas le but, c'est au contraire le signe d'un besoin de vĂ©ritĂ©s certaines. C'est un doute provisoire. Tandis que pour le sceptique, le doute prend la forme d'une conclusion dĂ©finitive, chez Descartes, il n'est qu'un moment de la rĂ©flexion au service de la vĂ©ritĂ©. Le doute n'est donc pas forcĂ©ment le signe d'un abandon. Au contraire, il est le signe d'un esprit qui cherche, et ne s'endort pas sur ses certitudes. Il n'est pas le signe d'une faiblesse, mais plutĂŽt d'une ferme volontĂ© d'aboutir. III. Le doute comme travail Le doute de Descartes est une mĂ©thode qui lui permet d'aboutir Ă  des connaissances certaines. D'abord, la premiĂšre l'Ă©vidence de sa propre existence, "je pense, donc je suis". On pourra trouver que c'est peu. A partir de lĂ , Descartes dĂ©couvre l'existence de Dieu comme certaine, selon lui. On pourra se dire que le sceptique avait davantage que Descartes raison d'ĂȘtre prudent. Faut-il revenir au scepticisme? On peut dĂ©finir autrement le doute, si l'on s'interroge sur la nature de la vĂ©ritĂ©. Alain, dans un texte sur le fanatisme, montre le doute, non plus comme une conclusion scepticisme ni comme un moyen provisoire que l'on utilise une fois puis que l'on abandonne dĂšs que l'on a trouvĂ© ce que l'on cherchaitDescartes, mais comme un travail constant de l'esprit. Sa conception du doute repose sur une certaine idĂ©e de la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© est toujours complexe, par consĂ©quent, il faut sans cesse douter, sans cesse mettre en question son opinion, sans quoi on perd de vue la complexitĂ© des problĂšmes et l'on caricature. Le fanatisme est une forme de dogmatisme. Il croit avoir trouvĂ© la vĂ©ritĂ©, et ne la met plus en question. C'est une "pensĂ©e raidie", figĂ©e, immobilisĂ©e, alors que la pensĂ©e doit toujours ĂȘtre vivante, doit ĂȘtre animĂ©e par le doute. La pensĂ©e fanatique est unilatĂ©rale, elle ne voit qu'un cĂŽtĂ©, alors qu'il faut penser en se mettant Ă  la place des autres, en essayant d'adopter aussi le point de vue de l'adversaire. Ainsi, quand on explique un texte, il ne s'agit pas de le contredire, mais de faire sienne la pensĂ©e de l'auteur, ce qu'on appelle comprendre. La pensĂ©e doit toujours ĂȘtre vivante, en mouvement. Si elle s'immobilise, elle devient une pensĂ©e morte, usĂ©e, elle se schĂ©matise. Elle devient caricaturĂ©e, elle perd sa nuance. On n'a plus une "pensĂ©e vivante" mais un "cadavre de vĂ©ritĂ©" Gide. Le fanatique, reconnaĂźt Alain, dĂ©fend parfois de belles idĂ©es. Par exemple, la libertĂ© est un bel idĂ©al. Mais si l'on dĂ©cide que la libertĂ© est Ă  dĂ©fendre Ă  n'importe quel prix, et que l'on cesse de chercher Ă  la penser pour la dĂ©fendre, cela devient dangereux. En effet, il faut savoir de quelle libertĂ© on parle la libertĂ© consiste-t-elle Ă  faire tout ce que l'on veut, Ă  faire n'importe quoi? Le mot libertĂ© est sĂ©duisant, il nous plaĂźt, l'homme politique qui le prononce s'attire la sympathie de la foule. Mais il faut pour cette raison se mĂ©fier de ces mots-lĂ . Brandis comme des Ă©tendard, des emblĂšmes, ils deviennent des idoles que l'on dĂ©fend sans plus savoir ce qu'ils signifient. "Nous devons rappeler que la libertĂ© commence Ă  ĂȘtre une enseigne menteuse dĂšs qu'elle se fige en idĂ©e et qu'on se met Ă  dĂ©fendre la libertĂ© plutĂŽt que les hommes libres" Merleau-Ponty, Humanisme et Terreur. Celui qui se passionne pour une idĂ©e qu'il croit vraie s'aveugle, oublie de la mettre en question. Au lieu de crier "vive la libertĂ©!", Alain recommande de toujours avoir Ă  l'esprit le questionnement sur la nature de la libertĂ©. Une idĂ©e, alors mĂȘme qu'elle n'Ă©tait pas fausse, le devient lorsque l'on cesse de la mĂ©diter et que l'on se contente de la rĂ©citer. Par exemple, la pensĂ©e de Marx, questionnement complexe sur l'Ă©conomie et la politique, une fois rĂ©duite Ă  quelques slogans simplistes, n'a plus rien d'une pensĂ©e vivante. Il faut donc que le doute creuse toujours. On voit ici la diffĂ©rence entre Alain et Descartes pour Alain, le doute doit ĂȘtre constant, il est un effort toujours renouvelĂ©. Ce doute traduit sans doute un renoncement Ă  l'idĂ©e que l'on peut atteindre, une fois pour toutes, une vĂ©ritĂ© indubitable et se reposer sur elle. Mais il n'est pas synonyme de renoncement Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©. Il suppose au contraire que la vĂ©ritĂ© consiste dans ce mouvement mĂȘme de chercher, puisque c'est lorsque l'on cesse de chercher que l'on tombe dans l'erreur. Le doute est ainsi la condition de la vĂ©ritĂ©. Conclusion "Il n'y a que les fols certains et rĂ©solus", Ă©crivait Montaigne Essais, I, 26. C'est qu'en effet l'absence de doute, l'absence de questionnement reflĂšte un mauvais usage de la raison. Ainsi, le dogmatique s'accroche Ă  une vĂ©ritĂ©, mais renonce du coup Ă  chercher plus loin. Mais ce doute ne doit pas ĂȘtre une simple Ă©tape provisoire Descartes. Il ne doit pas non plus coĂŻncider avec l'idĂ©e que rien ne peut ĂȘtre connu, qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ©, et qu'il ne vaut donc pas la peine de chercher. Au contraire de cette attitude paresseuse, le doute doit ĂȘtre un travail permanent de l'esprit pour ne pas se reposer sur des idĂ©es tenues pour acquises une fois pour toutes. Note 1. "On peut bien faire dire extĂ©rieurement Ă  sa bouche, qu'on doute de la rĂ©alitĂ© du monde, parce qu'on peut mentir; mais on ne le peut pas faire dire Ă  son esprit" Arnauld et Nicole, la Logique ou l'art de penser, premier discours.
Larecherche de la vĂ©ritĂ© peut-elle se passer du doute ? ÉnoncĂ©. La recherche de la vĂ©ritĂ© peut-elle se passer du doute ?

La difficultĂ© Ă  atteindre la vĂ©ritĂ© peut conduire l'homme Ă  douter de sa rĂ©alitĂ©. Faut-il vraiment rechercher la vĂ©ritĂ© ou au contraire trouver une forme de sagesse en y renonçant ? I La vĂ©ritĂ© un idĂ©al inaccessible ? 1 Le scepticisme Si l'on dĂ©finit la vĂ©ritĂ© comme l'adĂ©quation entre le discours et la rĂ©alitĂ©, alors atteindre la vĂ©ritĂ© suppose un moyen de vĂ©rifier si ce que l'on dit correspond bien Ă  la rĂ©alitĂ© en soi. Les sceptiques comme Sextus Empiricus considĂšrent que l'homme ne peut pas atteindre la vĂ©ritĂ©, dans la mesure oĂč ni sa raison, ni ses sens ne lui permettent de saisir la rĂ©alitĂ© telle qu'elle est. Cette thĂšse a des implications morales. Ce qui rendrait l'homme malheureux, ce n'est pas le doute mais le fait de croire possĂ©der la vĂ©ritĂ©. Suspendre son jugement permettrait donc Ă  l'homme d'ĂȘtre heureux. 2 Les limites du scepticisme Pour Aristote, un scepticisme intĂ©gral conduit Ă  l'inaction, car toute action implique une croyance qui la motive, et au silence, car dire quelque chose implique toujours une affirmation. Ainsi, le scepticisme se nie lui-mĂȘme. Il semble donc nĂ©cessaire de ne pas abandonner l'idĂ©al de vĂ©ritĂ©. II La vĂ©ritĂ© une valeur parmi d'autres ? Le terme d'idĂ©al est ambigu, car il dĂ©signe tantĂŽt ce que l'on ne peut pas atteindre, tantĂŽt ce que l'on doit poursuivre. La vĂ©ritĂ© est un idĂ©al en ce qu'il paraĂźt lĂ©gitime de la rechercher. Atteindre la vĂ©ritĂ© est donc un objectif porteur de sens. La vĂ©ritĂ© est ainsi une valeur importante, d'un point de vue individuel et collectif. Mais n'entre-t-elle pas en conflit avec d'autres valeurs importantes ? 1 VĂ©ritĂ© et politique Certes, la vĂ©ritĂ© est une valeur importante en politique on attend des hommes politiques qu'ils disent la vĂ©ritĂ©, des citoyens qu'ils se tiennent informĂ©s de l'actualitĂ©. Mais dans la mesure oĂč l'activitĂ© politique engage des dĂ©cisions quant Ă  l'avenir, la politique ne saurait se rĂ©duire Ă  une science. C'est pourquoi l'efficacitĂ© d'un discours importe plus que sa vĂ©ritĂ© pour les sophistes. La politique n'est pas la simple mise en Ɠuvre d'une vĂ©ritĂ© prĂ©alablement dĂ©gagĂ©e. Elle implique des convictions qui ne sont pas de l'ordre de la connaissance. Pourtant, la constitution d'un espace public implique des dĂ©bats dont l'horizon est toujours la vĂ©ritĂ©. Ainsi, pour Arendt, si la vĂ©ritĂ© n'est pas la seule valeur qui compte en politique, elle revĂȘt nĂ©anmoins une importance considĂ©rable pour distinguer les diffĂ©rentes opinions. Respecter la vĂ©ritĂ© factuelle » est une condition du dĂ©bat. À noter Alain insiste sur la nĂ©cessitĂ©, pour les citoyens, de s'interroger sur la vĂ©ritĂ© des discours des diffĂ©rents acteurs publics. Si le citoyen doit obĂ©ir aux pouvoirs, il doit cependant aussi s'en mĂ©fier. 2 VĂ©ritĂ© et bonheur Dans la mesure oĂč la recherche de la vĂ©ritĂ© implique un effort, elle semble s'opposer au bonheur individuel. Pourquoi chercher la vĂ©ritĂ© si celle-ci vient dĂ©ranger mon confort ? En ce sens, l'illusion paraĂźt plus douce que l'effort Ă  fournir pour atteindre la vĂ©ritĂ©. Kant montre que la recherche de la vĂ©ritĂ© est aussi un effort d'Ă©mancipation de toutes les tutelles illĂ©gitimes qui prĂ©tendent dicter Ă  l'individu sa conduite ou sa pensĂ©e. Il s'agit de sortir d'un Ă©tat de minoritĂ© dont nous sommes nous-mĂȘmes responsables, par paresse ou par lĂąchetĂ©. Ainsi, la vĂ©ritĂ© est un idĂ©al au sens oĂč les hommes doivent sans cesse la chercher pour ĂȘtre vĂ©ritablement libres.

Ilva falloir renoncer Ă  la prĂ©tention de dĂ©tenir une vĂ©ritĂ© et opter pour la prudence maximale et la vĂ©rification perpĂ©tuelle de ce que nous croyons savoir. Devant l’effort colossal que cela implique, on comprend l’attrait du dogme, beaucoup plus reposant. Le monde autour de nous est lĂ . Qu’on le veuille ou non. Ce que je peux apprendre de ce monde, chacun doit pouvoir le

9. En 1 TimothĂ©e 118, 19, Ă  quoi Paul a-​t-​il encouragĂ© TimothĂ©e ? 9 Lire 1 TimothĂ©e 118, 19. Paul a comparĂ© TimothĂ©e Ă  un soldat et il l’a encouragĂ© Ă  continuer Ă  faire la belle guerre’ 1 Tim. 118, 19. Il ne s’agissait pas d’une guerre littĂ©rale, mais spirituelle. Dans quels aspects de leur vie les chrĂ©tiens sont-​ils comme des soldats engagĂ©s dans une guerre ? Quelles qualitĂ©s les soldats de Christ doivent-​ils dĂ©velopper ? Examinons cinq leçons que nous pouvons tirer de la comparaison de Paul. Ces leçons nous aideront Ă  garder prĂ©cieusement la vĂ©ritĂ©. 10. Pourquoi devons-​nous dĂ©velopper notre attachement Ă  Dieu ? 10 DĂ©veloppe ton attachement Ă  Dieu. Un bon soldat est loyal il se bat avec dĂ©termination pour protĂ©ger une personne ou une chose auxquelles il est attachĂ©. Paul a encouragĂ© TimothĂ©e Ă  dĂ©velopper son attachement Ă  Dieu 1 Tim. 47. Plus notre amour pour Dieu et notre attachement Ă  sa personne seront forts, plus nous serons dĂ©terminĂ©s Ă  garder prĂ©cieusement la vĂ©ritĂ© 1 Tim. 48-10 ; 66. À la fin d’une longue journĂ©e de travail, nous devons peut-ĂȘtre nous forcer un peu pour assister Ă  une rĂ©union. Mais nous en retirons toujours des bienfaits ! voir paragraphe 11. 11. Pourquoi nous faut-​il ĂȘtre disciplinĂ©s ? 11 Cultive l’autodiscipline. Pour rester apte au combat, un soldat doit ĂȘtre disciplinĂ© dans ses habitudes de vie. TimothĂ©e est restĂ© en bonne condition spirituelle parce qu’il a suivi le conseil de Paul de fuir les mauvais dĂ©sirs, de cultiver les qualitĂ©s chrĂ©tiennes et de se rĂ©unir avec ses frĂšres et sƓurs 2 Tim. 222. Pour cela, il fallait qu’il s’impose une discipline. De la mĂȘme façon, pour gagner la guerre contre nos mauvais dĂ©sirs, nous devons cultiver l’autodiscipline Rom. 721-25. Il nous faut aussi ĂȘtre disciplinĂ©s pour continuer de revĂȘtir la nouvelle personnalitĂ© et de nous dĂ©barrasser de la vieille personnalitĂ© Éph. 422, 24. Et quand nous sommes fatiguĂ©s Ă  la fin d’une longue journĂ©e, nous devons parfois nous forcer un peu pour assister Ă  une rĂ©union HĂ©b. 1024, 25. 12. Comment pouvons-​nous apprendre Ă  manier plus efficacement la Parole de Dieu ? 12 Un soldat doit s’entraĂźner Ă  manier ses armes. Et pour ĂȘtre habile, il doit le faire rĂ©guliĂšrement. De mĂȘme, nous devons nous entraĂźner Ă  bien manier la Parole de Dieu 2 Tim. 215. Nos rĂ©unions nous donnent une bonne formation pour cela. Mais si nous voulons ĂȘtre capables de convaincre d’autres personnes de la valeur des vĂ©ritĂ©s bibliques, nous devons aussi avoir de bonnes habitudes d’étude individuelle. Nous devons nous servir de la Bible pour fortifier notre foi. Cependant, il ne suffit pas de la lire. Pour bien comprendre ce qu’un passage enseigne et en tirer les bonnes applications, il nous faut aussi mĂ©diter et faire des recherches dans nos publications 1 Tim. 413-15. Alors nous serons capables de manier efficacement la Parole de Dieu pour l’enseigner Ă  d’autres. LĂ  encore, il ne suffit pas de leur lire un passage de la Bible. Si, lors d’une conversation avec une personne, nous lui lisons un verset, nous devons l’aider Ă  le comprendre et Ă  voir quelle leçon pratique elle peut en tirer. En gardant de bonnes habitudes d’étude, nous apprendrons Ă  manier la Parole de Dieu plus efficacement pour enseigner les gens 2 Tim. 316, 17. 13. ConformĂ©ment Ă  HĂ©breux 514, pourquoi devons-​nous faire preuve de discernement ? 13 Fais preuve de discernement. Un soldat doit savoir anticiper le danger pour l’éviter. Pareillement, nous devons apprendre Ă  repĂ©rer les situations dangereuses sur le plan spirituel, puis chercher Ă  les Ă©viter Prov. 223 ; lire HĂ©breux 514. Par exemple, il nous faut choisir avec discernement nos loisirs et nos divertissements. Souvent, les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision et les films mettent en avant des modes de vie contraires Ă  la morale biblique. Or les conduites sexuelles immorales offensent Dieu et ont toujours de graves consĂ©quences. C’est pourquoi nous rejetons les divertissements qui pourraient dĂ©truire progressivement notre amour pour Dieu Éph. 55, 6. 14. Comment Daniel a-​t-​il fait preuve de discernement ? 14 Daniel, dĂ©jĂ  mentionnĂ©, a fini par prendre conscience du danger des jeux vidĂ©o violents ou spirites. Il a donc cherchĂ© dans Watchtower Library des articles qui en parlent. RĂ©sultat ? Il a arrĂȘtĂ© de jouer Ă  ce genre de jeux vidĂ©o. Il a annulĂ© ses abonnements aux jeux en ligne et il a coupĂ© tout contact avec les autres joueurs sur Internet. Au lieu de jouer Ă  des jeux vidĂ©o, dit-​il, je me suis mis Ă  pratiquer des activitĂ©s de plein air et Ă  passer du temps avec des frĂšres et sƓurs de mon assemblĂ©e. » Daniel est aujourd’hui pionnier et ancien. 15. Pourquoi la propagande des apostats est-​elle dangereuse ? 15 Comme TimothĂ©e, nous devons apprendre Ă  discerner un autre danger les fausses informations diffusĂ©es par les apostats 1 Tim. 41, 7 ; 2 Tim. 216. Les apostats peuvent chercher Ă  rĂ©pandre des mensonges sur nos frĂšres ou des rumeurs sur l’organisation de JĂ©hovah. Ces fausses informations pourraient affaiblir notre foi. Ne nous laissons pas influencer par la propagande des apostats. En effet, ce sont des hommes Ă  l’intelligence corrompue, des hommes privĂ©s de la vĂ©ritĂ© ». Leur objectif est de provoquer des disputes et des dĂ©bats’ 1 Tim. 64, 5. Ils veulent nous amener Ă  croire Ă  leurs calomnies et Ă  penser du mal de nos frĂšres. 16. Qu’est-​ce qui pourrait nous dĂ©tourner de nos prioritĂ©s ? 16 Ne te laisse pas distraire. Comme un excellent soldat de Christ », TimothĂ©e devait concentrer ses efforts sur son ministĂšre. Il ne devait pas se laisser distraire par une carriĂšre professionnelle ou la recherche de biens matĂ©riels 2 Tim. 23, 4. Nous non plus, nous ne devons pas nous laisser dĂ©tourner de nos prioritĂ©s par l’envie d’acquĂ©rir plus de biens matĂ©riels. Le pouvoir trompeur de la richesse » pourrait nous faire perdre notre amour pour JĂ©hovah, notre reconnaissance pour sa Parole et notre dĂ©sir de parler de la vĂ©ritĂ© aux autres Mat. 1322. Nous devons garder une vie simple et consacrer notre temps et notre Ă©nergie Ă  continuer Ă  chercher d’abord le Royaume’ Mat. 622-25, 33. 17-18. Que pouvons-​nous faire pour nous protĂ©ger sur le plan spirituel ? 17 Tiens-​toi prĂȘt Ă  rĂ©agir rapidement. Un soldat doit rĂ©flĂ©chir Ă  l’avance Ă  la maniĂšre de rĂ©agir face Ă  un danger. Si nous voulons protĂ©ger les biens prĂ©cieux que JĂ©hovah nous a confiĂ©s, nous devons rĂ©agir rapidement en cas de danger. Pour cela, il est important de dĂ©terminer Ă  l’avance Ă  ce qu’il nous faut faire. 18 Avant le dĂ©collage d’un avion, les hĂŽtesses demandent aux passagers de repĂ©rer les issues de secours. Pourquoi ? Pour qu’ils puissent quitter l’avion rapidement si nĂ©cessaire. De mĂȘme, avant d’aller sur Internet ou de regarder un film ou une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision, nous devons repĂ©rer Ă  l’avance quelle issue de secours » nous emprunterons si nous tombons sur une scĂšne immorale ou de violence crue, ou sur des propos tenus par des apostats. Si nous anticipons le danger, nous pourrons rĂ©agir rapidement. Nous nous protĂ©gerons alors sur le plan spirituel et resterons purs aux yeux de JĂ©hovah Ps. 1013 ; 1 Tim. 412. 19. Si nous protĂ©geons les biens prĂ©cieux que JĂ©hovah nous a confiĂ©s, quels bienfaits en retirerons-​nous ? 19 JĂ©hovah nous a confiĂ© les vĂ©ritĂ©s bibliques ainsi que l’honneur de les enseigner Ă  d’autres. Si nous protĂ©geons ces biens prĂ©cieux, nous en retirerons de grands bienfaits une bonne conscience, une vie qui a vraiment du sens et la joie d’aider d’autres personnes Ă  connaĂźtre JĂ©hovah. Avec son soutien, nous rĂ©ussirons Ă  garder prĂ©cieusement ce qu’il nous a confiĂ© 1 Tim. 612, 19.
Cordialement "Admettre la relativitĂ© des vĂ©ritĂ©s conduit-il Ă  renoncer Ă  toute idĂ©e de vĂ©ritĂ©?" Bien distinguer les "vĂ©ritĂ©s" relatives Ă  telle ou telle Ă©poque et l'idĂ©e de vĂ©ritĂ©. Une idĂ©e c'est ce Ă  quoi rien de sensible ne correspond, autant dire que c'est un idĂ©al, une sorte de principe rĂ©gulateur qui permet de repĂ©rer Introduction On oppose gĂ©nĂ©ralement la discussion, l'Ă©change d'arguments Ă  l'Ă©change de coups, c'est-Ă -dire Ă  la violence. Ainsi, Il y aurait une diffĂ©rence de nature entre la discussion et la violence. La discussion serait pacifique et la violence ne le serait pas. Mais est-ce bien le cas ? On oppose Ă©galement la discussion au dialogue. Une discussion peut ĂȘtre violente et dĂ©boucher sur un Ă©change de coups, alors que le dialogue du grec dia, deux et logos, discours exclut normalement la violence. La parole serait immatĂ©rielle ; parler, ce n'est pas la mĂȘme chose qu'agir ou faire, donc la discussion exclurait la violence. On dit que deux personnes ont eu une violente ou une vive discussion, mais non qu'ils ont eu un dialogue violent. Il n'y a pas la violence d'un cĂŽtĂ© et les mots de l'autre, mais la violence peut rĂ©sider Ă©galement dans les mots, d'ailleurs elle commence avec les mots. Il y a des mots violents, les insultes ou les moqueries par exemple qui constituent des violences psychologiques. Le harcĂšlement moral ne s'accompagne pas forcĂ©ment de violences physiques, mais peut entraĂźner des consĂ©quences tout aussi graves. Selon l'OMS, la violence est l'utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces Ă  l'encontre des autres ou de soi-mĂȘme, contre un groupe ou une communautĂ©, qui entraĂźne ou risque fortement d'entraĂźner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problĂšmes de dĂ©veloppement ou un dĂ©cĂšs. La violence est observable chez les humains comme chez les animaux, ce qui indique sa dimension Ă©volutive et biologique. Chez l'animal, la violence est limitĂ©e par l'instinct, alors qu'elle est illimitĂ©e chez l'ĂȘtre humain, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de rĂ©guler la violence. Dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, cette rĂ©gulation s'opĂšre par le sacrĂ©. Dans les sociĂ©tĂ©s modernes, marquĂ©s par la division du travail entre individus fortement diffĂ©renciĂ©s, elle se fait pas le droit. Discuter, est-ce renoncer Ă  la violence ? Dans un premier temps, nous verrons que la discussion peut s'apparenter Ă  la violence, puis que le vrai dialogue implique la renonciation Ă  la violence et nous chercherons enfin quelles sont les conditions d'un dialogue authentique et non violent. 1. Discuter n'est pas forcĂ©ment renoncer Ă  la violence Discuter n'est pas forcĂ©ment renoncer Ă  la violence. On peut Ă©changer des paroles aussi violentes que des coups. Dans ce cas, les deux interlocuteurs demeurent des adversaires. Il s'agit de rendre parole pour parole, coup pour coup. Dans les "scĂšnes de mĂ©nage", les amants ou les Ă©poux ne cherchent pas Ă  dĂ©velopper des arguments, mais Ă  blesser et Ă  avoir le dernier mot. Et le dernier mot peut ĂȘtre "une parole qui tue", qui vous dĂ©truit psychologiquement, ce qui montre bien que la discussion peut ĂȘtre une forme de violence. Selon RenĂ© Girard La violence et le sacrĂ©, la violence provient d'un dĂ©sir d'appropriation d'un objet qui n'a de valeur que par le fait d'ĂȘtre dĂ©sirĂ© par l'autre, que RenĂ© Girard appelle le mĂ©diateur. Cette mimesis d'appropriation mimesis vient du grec imitation parce que les "doubles" s'imitent l'un l'autre engendre mĂ©caniquement la mimesis de rivalitĂ©, du fait que les deux protagonistes se dĂ©tournent de l' objet qu'ils dĂ©sirent pour s'intĂ©resser au mĂ©diateur qu'ils sont l'un pour l'autre. Cette mimesis d'appropriation existe aussi chez les animaux, comme on le voit par exemple dans le marquage du territoire ou la rivalitĂ© sexuelle. La diffĂ©rence avec l'homme, c'est que chez l'homme elle n'est pas rĂ©gulĂ©e par l'instinct, si bien qu'elle peut aller jusqu'Ă  la mort de l'autre et de proche en proche de la communautĂ© tout entiĂšre, d'oĂč les prĂ©cautions extrĂȘmes prises contre la violence mimĂ©tique dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles interdiction de l'inceste, exogamie, etc. et des pratiques qui nous paraissent incomprĂ©hensibles et contradictoires comme les tabous qui prohibent totalement tout ce qui pourrait entraĂźner la violence et les rituels qui la permettent sous la forme limitĂ©e du sacrifice. On peut rapprocher l'analyse de la violence que fait RenĂ© Girard de la "lutte pour la reconnaissance" de Hegel dans le passage de PhĂ©nomĂ©nologie de l'Esprit oĂč il est question de la "dialectique du maĂźtre et de l'esclave". Dans L'art d'avoir toujours raison Schopenhauer explique ironiquement comment s'y prendre pour avoir toujours le dernier mot. Il expose une sĂ©rie de stratagĂšmes permettant de l'emporter lors de controverses, indĂ©pendamment de la vĂ©ritĂ© du point de vue que l'on soutient. Schopenhauer cherche Ă  distinguer ces stratagĂšmes afin de pouvoir les dĂ©noncer. Schopenhauer nomme l'art d'avoir toujours raison "la dialectique Ă©ristique" Ă©ristique vient d'un mot grec qui signifie combat. La dialectique Ă©ristique est une technique de controverse qui repose sur la distinction entre la vĂ©ritĂ© et l'apparence de la vĂ©ritĂ©. Son but est de convaincre les auditeurs que l'on a raison, mĂȘme si l'on a objectivement tort en faisant passer l'apparence de la vĂ©ritĂ© pour la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. Selon Pierre Bourdieu, notre maniĂšre de parler reflĂšte les positions de force et de domination qui traversent la sociĂ©tĂ©. Il ne suffit donc pas de renoncer Ă  la force dans la discussion pour Ă©chapper Ă  la violence qui peut ĂȘtre symbolique. 2. Le vrai dialogue implique la renonciation Ă  la violence Dans le Gorgias, CalliclĂšs affirme que "le beau et le juste selon la nature, c'est que pour bien vivre, il faut entretenir en soi-mĂȘme les plus fortes passions au lieu de les rĂ©primer, et qu'Ă  ces passions, quelques fortes qu'elles soient, il faut se mettre en Ă©tat de donner satisfaction par son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu'elles dĂ©sirent". Autrement dit, le beau et le juste consistent Ă  se passer de la morale et Ă  faire ce qui nous plaĂźt. CalliclĂšs n'apprĂ©cie pas la philosophie et considĂšre le dialogue comme un jeu, c'est-Ă -dire qu'il ne peut dĂ©boucher sur aucune vĂ©ritĂ©. Il ne croit pas Ă  la maĂŻeutique. Il ne veut pas se laisser accoucher par Socrate de cet enfant plus beau que la violence, de cette vĂ©ritĂ© plus haute que la violence verbale au service de l'Ă©goĂŻsme et de la volontĂ© de puissance. il n'est pas convaincu par les dĂ©monstrations de Socrate et demeure dans son opinion initiale. CalliclĂšs s'oppose donc Ă  la discussion comme au dialogue et son refus est une forme de violence car il correspond bien au point de vue qu'il dĂ©fend le juste et le beau consistent Ă  se passer de la morale qui ne vaut que pour les faibles et Ă  faire ce qui nous plaĂźt. La discussion s'oppose Ă  la guerre et la guerre lui fait place sous la forme de pourparlers de paix, qui laissent la parole aux diplomates. Mais pour que les discussion dĂ©bouchent sur une paix durable, il faut que les interlocuteurs soient de bonne volontĂ© et n'aient pas "une idĂ©e derriĂšre la tĂȘte", comme Ă  Munich en 1938. La discussion implique la volontĂ© sincĂšre de se mettre d'accord, de faire des concessions et de renoncer Ă  la violence. 3. les conditions d'un dialogue authentique et non violent Le philosophe JĂŒrgen Habermas dĂ©veloppe de son cĂŽtĂ© l'idĂ©e d'un principe de discussion capable de remplacer l'ImpĂ©ratif catĂ©gorique. Kant pense qu'il est possible de se mettre d'accord rationnellement sur ce qui est juste et injuste, mais que l'Ă©valuation des normes s'opĂšre dans la conscience de chacun. Habermas considĂšre que l'accord rationnel sur le juste et l'injuste passe par le dialogue. Nous dĂ©terminons si une rĂšgle de conduite et d'action ou un comportement sont moraux par une discussion qui doit ressembler autant que possible Ă  une situation de libertĂ© de parole absolue et de renoncement aux comportements "stratĂ©giques" apparentĂ©s Ă  la "dialectique Ă©ristique" que dĂ©veloppe Schopenhauer dans l'art d'avoir toujours raison. Au lieu d'imposer mon point de vue personnel aux autres comme une vĂ©ritĂ© qui vaut aussi pour les autres, je dois soumettre mon opinion Ă  tous les autres afin d’examiner par la discussion sa prĂ©tention Ă  l’universalitĂ©, explique Habermas dans Morale et communication, ainsi s’opĂšre un glissement le centre de gravitĂ© ne rĂ©side plus dans ce que chacun souhaite faire valoir, sans ĂȘtre contredit, comme Ă©tant une vĂ©ritĂ© universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconnaĂźtre comme une vĂ©ritĂ© universelle. Karl-Otto Appel se demande comment mettre en place une discussion oĂč les Ă©changes ne soient pas dominĂ©s par l'instrumentalisation stratĂ©gique de la communication, mais plutĂŽt orientĂ©s vers l'entente et l'intercomprĂ©hension. Comment un responsable politique peut-il continuer Ă  faire valoir les exigences d'une discussion argumentĂ©e face Ă  la menace de l'usage de la violence ou Ă  l'instrumentalisation cynique du discours ? Pour Apel, il faut fonder une Ă©thique de la discussion. Le principe moral de la discussion permet de domestiquer par le dialogue public les violences et les rapports de force propres au systĂšme politique. Le nom de Karl-Otto Apel est souvent associĂ© Ă  celui de JĂŒrgen Habermas. Les deux hommes Ă©taient amis et s'estimaient mutuellement, mais n'Ă©taient pas toujours d'accord, tĂ©moignant du fait qu'une communication authentique repose avant tout sur une exigence de vĂ©ritĂ© qui dĂ©passe la personne, les intĂ©rĂȘts, les convictions et l'amour propre des deux interlocuteurs. Jaspers nommait l'absolu de la recherche de la vĂ©ritĂ© dans la communication existentielle "le combat par amour" liebender Kampf. Apel et Habermas mettent l'accent sur la notion de "communication" qu'ils placent au cƓur de leur rĂ©flexion sur la morale, sur la politique et sur le droit. Puisque l'homme est un "animal parlant", "zoon logikon" Aristote dont le comportement n'est pas rĂ©glĂ© par l'instinct, mais par la pensĂ©e et le langage, c'est Ă  travers la rĂ©flexion sur le langage que l'on pourra trouver les normes d'un conduite authentiquement humaine. Une telle conduite ne saurait ĂȘtre fondĂ©e, comme l'a montrĂ© Kant, sur la nĂ©cessitĂ© les lois de la nature, mais sur le devoir, non sur l'intĂ©rĂȘt ou mĂȘme le bonheur comme dans la pensĂ©e antique, mais sur la raison et la libertĂ©. Kant Ă©voque un individu seule face Ă  sa conscience, confrontĂ© Ă  la nĂ©cessitĂ© de se dĂ©cider en fonction de l'impĂ©ratif catĂ©gorique - le mĂȘme, formulĂ© de quatre façons diffĂ©rentes - et non d'un impĂ©ratif hypothĂ©tique centrĂ© sur l'intĂ©rĂȘt personnel "Agis seulement d'aprĂšs la maxime grĂące Ă  laquelle tu peux vouloir en mĂȘme temps qu'elle devienne une loi universelle." Fondements de la mĂ©taphysique des mƓurs. L'impĂ©ratif catĂ©gorique est indissociablement centrĂ© sur soi mĂȘme et sur autrui, comme le montre sa deuxiĂšme formulation "Agis de telle façon que tu traites l'humanitĂ©, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en mĂȘme temps comme fin et jamais simplement comme moyen." Apel et Habermas dĂ©veloppent cet aspect de la morale kantienne en montrant que le devoir moral s'inscrit dans un dialogue intersubjectif qui suppose la sincĂ©ritĂ© au moins dans l'intention, l'authenticitĂ©, la vĂ©racitĂ© et la justesse de la parole et dont ils se proposent de montrer les conditions de possibilitĂ©. Ils affirment par ailleurs que le "point de vue moral" ne concerne pas seulement les relations intersubjectives, mais aussi les relations entre les personnes en tant que citoyens, entre les citoyens et l'Etat pour la constitution et le maintien d'un authentique Etat de droit, ainsi qu'entre les Etats, comme l'avait fait Kant dans son Projet de paix perpĂ©tuelle. Apel et Habermas mettent donc l'accent sur le langage et sur la communication, en insistant sur la dimension intersubjective parce qu'elle est au cƓur de la rĂ©alitĂ© humaine, sur l'importance de la notion d'autrui, presque inexistante dans la pensĂ©e traditionnelle, y compris chez Descartes et qui va devenir essentielle Ă  partir de Hegel le conflit des consciences dans la dialectique du maĂźtre et de l'esclave - , dans la phĂ©nomĂ©nologie de Husserl et de ses continuateurs Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty et Emmanuel LĂ©vinas. Les deux hommes ont manifestĂ© un intĂ©rĂȘt commun pour la philosophie analytique Peirce, Russel, Ayer, Wittgenstein... et les thĂ©ories des actes de langage Austin, Searle selon lesquelles tout acte de parole implique une prĂ©tention Ă  la vĂ©ritĂ© et se sont aventurĂ©s sur un chemin esquissĂ© par Wittgenstein d'une Ă©thique fondĂ©e sur l'examen du langage et sur la valeur de vĂ©ritĂ© des propositions. RĂ©cusant la neutralitĂ© ou le scepticisme axiologique de la dĂ©marche logico-scientifique, Ă  la lumiĂšre des Ă©vĂ©nements passĂ©s le nazisme et la seconde guerre mondiale et rĂ©cents la guerre du Kosovo, ils ont rĂ©solument replacĂ© l'Ă©thique de la discussion au cƓur de la pensĂ©e. 4. D'oĂč provient le refus de discuter ? Mais d'oĂč provient le refus de discuter ? D'aprĂšs Hegel, d'une certaine forme de pensĂ©e qui considĂšre a priori que le dialogue est inutile parce qu'on rĂ©duit l'autre Ă  un seul de ses attributs. "Cet homme est mon valet" on peut dire que le maĂźtre du valet ne retient de son serviteur qu'un aspect particulier accidentel de sa personne. Il est un valet et toute autre chose qu'un valet, par exemple il possĂšde la facultĂ© d'observer et de raisonner qui peut ĂȘtre plus dĂ©veloppĂ©e que celle de son maĂźtre, comme en tĂ©moigne Jacques le fataliste de Diderot, Ɠuvre que cite favorablement Hegel. Hegel cite un autre exemple de pensĂ©e rĂ©ductrice, celle du soldat que l'on peut rouer de coups car on l'a prĂ©alablement dĂ©fini comme une "canaille". Il est par essence une canaille, mĂȘme s'il n'a rien fait pour mĂ©riter d'ĂȘtre puni et on peut donc le rouer de coup. "La violence de l'abstraction, commente Ari Simhon dĂ©bouche sur la violence rĂ©elle oĂč un homme, parce qu'il est rĂ©duit Ă  sa particularitĂ© de subordonnĂ©, Ă  sa qualitĂ© de soldat ordinaire et donc bastonnable, ouvre droit, par cette qualitĂ© qu'il est, de ce point de vue, Ă  la violence que peut exercer sur lui son supĂ©rieur. Ce faisant, c'est-Ă -dire en le bastonnant, cet officier pense abstraitement et, rĂ©duisant l'homme Ă  sa qualitĂ© de subordonnĂ©, puis le subordonnĂ© Ă  la qualitĂ© de bastonnable, se rĂ©duit lui-mĂȘme Ă  cette particularitĂ© d'ĂȘtre officier. Le mĂ©pris n'est pas voilĂ© pour celui dont on devine qu'il n'est alors, hĂ©gĂ©liennement, qu'une "espĂšce d'officier". Le refus de discuter provient du fait de ne pas considĂ©rer l'autre comme un interlocuteur valable. 5. Les enjeux actuels du problĂšme La cause principale de la violence dans la discussion ou dans l'absence de discussion est le fait de classer celui que l'on considĂšre comme un "adversaire" dans une catĂ©gorie bien dĂ©finie. Toute dĂ©termination dit Spinoza est une nĂ©gation. "Noir", "blanc", "femme", "LGBT", minoritĂ© opprimĂ©e, ces dĂ©termination sont pertinentes, mais incomplĂštes, unilatĂ©rales. Hegel nous invite Ă  les intĂ©grer dans un vision plus large qui les dĂ©passe sans les supprimer, bref, Ă  ne pas penser abstraitement, Ă  ne pas rĂ©duire un individu Ă  la couleur de sa peau, son genre, son orientation sexuelle. Le propre du discours raciste est de gĂ©nĂ©raliser, mais aussi dĂ©sormais celui d'un certain discours anti-raciste. "Tenaille identitaire. Pourquoi "tenaille" Ă©crit Gilles Clavreul, parce que ces propositions que tout oppose politiquement par exemple celle des suprĂ©matistes amĂ©ricains et des celle des "wokes", s'articulent nĂ©anmoins autour d'un mĂȘme axe. Elle prĂ©tendent rapporter ce que l'on dit Ă  ce que l'on pense et ce que l'on pense Ă  ce que l'on est. Ce faisant, le tout identitaire Ă©touffe petit Ă  petit la conversation dĂ©mocratique, rabattant le citoyen sur l'individu et l'individu sur ses attaches, sa naissance, son genre ou encore la religion dans laquelle il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, il assigne Ă  chacun des positions fixes et tue l'idĂ©e de dĂ©libĂ©ration collective. Second attribut de la tenaille la pression de la pince gauche accentue celle de la pince droite, et rĂ©ciproquement. Elles s'entre-alimentent dans une surenchĂšre d'anathĂšmes et de procĂšs en sorcellerie oĂč chacun est sommĂ© de prendre parti ou enrĂŽlĂ© de force dans l'un ou l'autre camp." Conclusion la violence ne s'oppose pas Ă  la discussion car certaines discussion peuvent ĂȘtre trĂšs violences, mĂȘme sans violence physique quand elles cherchent Ă  imposer son point de vue et Ă  discrĂ©diter ou Ă  dĂ©truire l'adversaire. Schopenhauer nomme l'art d'avoir toujours raison la dialectique Ă©ristique et cherche Ă  mettre en lumiĂšre ses procĂ©dĂ©s pour mieux les dĂ©noncer. Comme le montre le Gorgias de Platon, tout dialogue authentique implique la renonciation Ă  la violence et la volontĂ© sincĂšre de jouer le jeu du dialogue. Karl-Otto Appel et JĂŒrgen Habermas, trĂšs marquĂ©s par les tragiques Ă©vĂ©nements du XXĂšme siĂšcle tentent de mettre en place une Ă©thique de la discussion. Une des causes de la violence verbale, mais qui peut dĂ©boucher sur la violence physique est le fait de classer l'autre que l'on considĂšre a priori comme un "ennemi" dans une catĂ©gorie dĂ©finie a priori. Selon Gilles Clavreul, "le tout identitaire Ă©touffe petit Ă  petit la conversation dĂ©mocratique, rabattant le citoyen sur l'individu et l'individu sur ses attaches, sa naissance, son genre ou encore la religion dans laquelle il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, il assigne Ă  chacun des positions fixes et tue l'idĂ©e de dĂ©libĂ©ration collective."
\n\n \n\n douter est ce renoncer à la vérité
Del’autre, la VĂ©ritĂ© semble Ă©ternelle et incontestable. Il y aurait donc un hiatus entre le domaine de la vĂ©ritĂ© et celui du doute. D’un point de vue statique, c’est vrai, et il faudra voir ce qui oppose ces Ă© domaines dans les 2 premiĂšres parties. Mais d’un point de vue dynamique, le doute est un cheminement vers la VĂ©ritĂ©
Dans la Pesanteur et la GrĂące, Simone Weil dĂ©voile son lent cheminement vers Dieu, et donc vers la vĂ©ritĂ©. Pour parvenir Ă  ses fins, elle n’a de cesse de se dĂ©pouiller de tout – jusqu’au moindre mot superflu dans ses aphorismes. De l’abandon de tout Ă  la difficile apprĂ©hension du vide, l’homme est-il vraiment capable d’accĂ©der Ă  la vĂ©ritĂ© ? Simone Weil En juin 1941, Simone Weil s’installe provisoirement chez Gustave Thibon, philosophe catholique français, qui a finalement consenti Ă  l’accepter quelques temps comme travailleuse dans sa ferme. La derniĂšre fois qu’elle voit son hĂŽte, en 1942, elle lui remet un bien prĂ©cieux souvenir onze cahiers Ă©crits de sa main. Si jamais Gustave Thibon n’entend plus parler d’elle dans les trois ou quatre annĂ©es Ă  venir, il aura la libertĂ© d’utiliser ces textes comme il le souhaite. C’est ainsi qu’est nĂ©e cinq annĂ©es plus tard la Pesanteur et la GrĂące. Le caractĂšre posthume de cette publication pourrait a priori nous gĂȘner par certains aspects – choix et ordre des aphorismes laissĂ©s aux soins de Thibon –, en fait il n’en est rien. L’interprĂ©tation de l’Ɠuvre de Simone Weil ne laisse ici que peu de doutes. Et ce, quelle que soit la place des aphorismes dans le recueil. Il s’agit lĂ  de la marque d’une pensĂ©e simple et cohĂ©rente, comprĂ©hensible sans contexte, ni notes explicatives de l’auteur. C’est le signe d’une rĂ©flexion atemporelle, et mĂȘme, Ă©ternelle. Ces courtes rĂ©flexions font Ă©tat, en toute humilitĂ©, de l’avancĂ©e de Simone Weil dans sa quĂȘte de la vĂ©ritĂ©. À leur lecture, on dĂ©couvre que cette recherche de la vĂ©ritĂ© passe par un cheminement exclusivement personnel, propre Ă  chacun. La philosophe nous dĂ©blaye cependant dĂ©jĂ  une partie de la route, en nous livrant, Ă  grands traits, les indications pour trouver le vrai et le bien. Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien » La premiĂšre Ă©tape que propose Simone Weil se rĂ©sume en peu de mots le dĂ©tachement de tout. Absolument tout. Il faut d’abord renoncer Ă  toute forme de biens matĂ©riels. Ceux-ci doivent ĂȘtre abandonnĂ©s en raison de leur superficialitĂ© et de leur contingence, mais surtout du fait de la dangerositĂ© du lien qui les relie aux biens spirituels. Elle explique en effet qu’il faut les concevoir et les sentir comme conditions de biens spirituels exemple la faim, la fatigue, l’humiliation obscurcissent l’intelligence et gĂȘnent la mĂ©ditation et nĂ©anmoins y renoncer ». Il est intĂ©ressant de constater que, chez Simone Weil, la radicalitĂ© de ses idĂ©es va jusqu’à mettre en danger l’existence mĂȘme de sa pensĂ©e. C’est parce qu’elle sait que les biens matĂ©riels – qui englobent pour elle les besoins Ă©lĂ©mentaires humains tels que l’alimentation ou le sommeil – peuvent porter atteinte Ă  ses facultĂ©s spirituelles qu’elle dĂ©cide d’y renoncer. Gustave Thibon Cela fait partie de son projet global de renoncer Ă  tout ce qui existe. Tout y passe le temps, qui nous pervertit en nous laissant une possibilitĂ© d’imagination et donc un Ă©chappatoire Ă  notre malheur, mais aussi l’objectivation du dĂ©sir, ou encore le je ». À propos de ce tout dernier point, elle affirme sans dĂ©tour qu’ il n’y a absolument aucun autre acte libre qui nous soit permis, sinon la destruction du je ». Il s’agit bien ici d’un suicide philosophique, conçu comme condition pour accĂ©der Ă  la vĂ©ritĂ©. L’étape suprĂȘme, aprĂšs mĂȘme la destruction du je », consistera Ă  renoncer aux autres, Ă  la vie sociale. Elle l’énonce ainsi Il ne faut pas ĂȘtre moi, mais il faut encore moins ĂȘtre nous. » D’une difficultĂ© suprĂȘme – justement parce que l’amour d’autrui ou l’attachement aux autres semble ĂȘtre une forme de renoncement de soi – cette Ă©tape est pourtant indispensable. Simone Weil Ă©crit en effet que la sociĂ©tĂ© est la caverne, la sortie est la solitude ». La lumiĂšre de l’homme se trouve en dehors de la sociĂ©tĂ©. Il faut donc parvenir Ă  s’en extraire pour pouvoir en jouir. Ce dĂ©tachement radical de l’existence n’a qu’un but atteindre le malheur, la solitude, la misĂšre. Autrement dit, le vide. Le vide s’avĂšre ĂȘtre un concept fondamental dans l’Ɠuvre de Simone Weil, car il est le seul Ă©tat humain qui permette l’accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ©. Le vide est ce qui permet Ă  Dieu d’aimer l’homme. Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien. À mesure que je deviens rien, Dieu s’aime Ă  travers moi. » Dieu, la VĂ©ritĂ© et le Bien Une fois le vide installĂ©, il ne reste plus qu’à attendre Dieu. Ce vide laisse toute la place nĂ©cessaire Ă  Dieu pour nous aimer, justement parce que le champ est complĂštement libre et que la moindre parcelle de notre corps et de notre esprit est tournĂ©e vers lui. Or si Dieu parvient Ă  nous aimer, il faut en dĂ©duire que nous devons nous aimer Ă©galement Ce n’est pas parce que Dieu nous aime que nous devons l’aimer. C’est parce que Dieu nous aime que nous devons nous aimer. Comment s’aimer soi-mĂȘme sans ce motif ? » Si l’amour de soi qui rĂ©sulte de l’amour de Dieu pourrait paraĂźtre, Ă  premiĂšre vue, Ă©trange compte tenu du premier mouvement de destruction du je », il faut bien garder Ă  l’esprit que cet amour de soi ne peut intervenir que par le biais de Dieu. C’est comme crĂ©ature aimĂ©e par Dieu que nous pouvons nous aimer. Et pour pouvoir ĂȘtre digne de cet amour, il est nĂ©cessaire d’ĂȘtre purifiĂ© de tout, jusqu’à perdre la seule trace apparente de son existence, le je ». Reste Ă  savoir comment dĂ©celer cet amour de Dieu. Comment reconnaĂźtre Dieu ? La philosophe explique tout simplement que le monde en tant que tout Ă  fait vide de Dieu est Dieu lui-mĂȘme ». Cela confirme encore une fois que le vide est effectivement nĂ©cessaire Ă  la manifestation divine. C’est dans l’absence de tout, et donc de lui-mĂȘme aussi, que Dieu apparaĂźt. La descente du Saint-Esprit de Titien Quid de la vĂ©ritĂ© dans tout cela ? Pour le comprendre, il faut bien saisir ce que Simone Weil entend par Dieu ». Plus qu’un Dieu chrĂ©tien, c’est un symbole de la transcendance. C’est l’image suprĂȘme de ce qui peut transcender l’homme. Ce Dieu semble finalement faire rĂ©fĂ©rence Ă  la vĂ©ritĂ© et au bien absolu, comme seules idĂ©es capables de transcender l’homme. Que la lumiĂšre Ă©ternelle donne, non pas une raison de vivre et de travailler, mais une plĂ©nitude qui dispense de chercher cette raison » Ă©crit-elle dans l’un de ses derniers aphorismes. La recherche du vrai et du bien serait capable de procurer Ă  l’homme cette plĂ©nitude » qu’elle Ă©voque, justement parce que cette quĂȘte ne peut procurer de rĂ©elle raison de vivre et de travailler ». La recherche de la vĂ©ritĂ© et du bien passe par le cheminement intĂ©rieur dĂ©crit en premier lieu, pour arriver au vide et par-lĂ  Ă  Dieu et Ă  l’amour de soi. Telle est la seule plĂ©nitude ». La grĂące seule le peut » À quoi pourrait donc ressembler une vie menĂ©e par cette quĂȘte de la transcendance, cette recherche de Dieu ? Elle induit, dĂ©jĂ , la solitude. L’attachement aux autres nous dĂ©tourne inĂ©vitablement du bien absolu car c’est le social qui jette sur le relatif la couleur de l’absolu ». Or il n’y a rien de pire que de confondre bien relatif et bien absolu, puisqu’entre les deux il n’y a pas une diffĂ©rence de degrĂ©, mais bien de nature. L’un, le premier, est le contraire du mal, l’autre ne peut se concevoir que par lui-mĂȘme, il est absolu. Il faut absolument chercher la solitude pour pouvoir prendre conscience de ce bien absolu. Autrement dit, nous revenons Ă  ce que nous Ă©voquions plus haut la sortie de la caverne passe par la solitude. La quĂȘte de la vĂ©ritĂ© est Ă©galement faite de limite – surtout parce que l’infini renvoie au plaisir, or tout plaisir est Ă  bannir de sa vie. Ainsi, elle prĂŽne une vie mesurĂ©e et limitĂ©e en ces termes [
] Un, le plus petit des nombres. “Le un qui est l’unique sage”. C’est lui l’infini. Un nombre qui croĂźt pense qu’il s’approche de l’infini. Il s’en Ă©loigne. Il faut s’abaisser pour s’élever. Si 1 est Dieu, ∞ est le Diable. » Se limiter, c’est prendre conscience de la finitude des choses et par-lĂ , de nous-mĂȘmes. Cela nous aide Ă©galement Ă  concevoir la mort plus sereinement puisque, par certains aspects, nous sommes Ă  l’origine de notre mort. La limite, c’est le contrĂŽle de tout. Finalement, c’est au plus simple qu’il faut rĂ©duire sa vie. D’une façon extrĂȘme – jusqu’au vide. Et c’est bien lĂ  toute la difficultĂ©. Il faut accĂ©der au vide, et cependant le supporter, s’y engouffrer. Ne pas exercer tout le pouvoir dont on dispose, c’est supporter le vide. Cela est contraire Ă  toutes les lois de la nature la grĂące seule le peut. »
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douter est ce renoncer à la vérité